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L’accent russe | Le blog de Nadia Sikorsky

16.11.2020
(c) Dominique de Rivaz
Selon le récent sondage réalisé par Sotomo pour le compte de la SSR, la deuxième vague de Covid-19 a déclenché dans la population un coup de blues bien plus important que la première. Les mesures restreignant la liberté de mouvement personnelle restent, globalement, notre principale préoccupation. La plupart d’entre nous avons manqué les vacances d’été, puis celles d’octobre et quant à la période de Noël et Nouvel-An rien n’est plus qu’incertain. Nous rêvons de voyages ! Il est peu probable que la ville de Kaliningrad soit une priorité sur la liste des destinations de rêve des Suisses – certains ont peut-être appris son existence grâce aux quatre matchs de la Coupe du monde de football qu’elle a accueilli en 2018. Qui sait ? Peut-être d’autres en rêveront après avoir découvert le nouveau livre, ou plutôt le nouvel album de photos et de textes que présentent les Éditions Noir sur Blanc. Kaliningrad donc, que Cédric Gras appelle très justement « une séquelle topographique de la Seconde Guerre mondiale » car sa nouvelle vie a commencé au moment où « la Prusse a perdu son « P ». L’épellation de son nom se ressemble peu dans diverses versions linguistiques : Калининград en russe, Königsberg en allemand, Królewiec en polonais, Karaliaučius en lituanien) Aujourd’hui c’est une ville russe située dans une enclave territoriale, totalement isolée du reste du territoire russe, entre la Pologne et la Lituanie. Son histoire est indissociable de l’histoire des guerres européennes, toutes les sources l’attestent unanimement. On apprend que Kaliningrad se trouve sur le site de l'ancienne Königsberg (nom allemand qui signifie littéralement mont du roi, en l'honneur du roi Ottokar II de Bohême ayant pris part aux croisades dans la région), fondée en istoireles Prussiens. La ville fit partie de la Ligue hanséatique en 1340. À la suite des défaites des Chevaliers teutoniques dans leur lutte contre la Pologne et après la chute du château de Marienburg en 1457, Königsberg devint la capitale de l'Ordre teutonique. Lorsque, en 1525, le dernier Grand-maître de l'ordre, Albert de Brandebourg-Ansbach, sécularisa celui-ci, c'est tout naturellement que Königsberg devint la capitale du nouveau duché de Prusse qu'il venait de créer après sa conversion au luthéranisme. Lorsque le duché fut érigé en royaume par Frédéric III de Brandebourg en 1701, Königsberg devint vice-capitale royale avec Berlin. Elle fait partie du royaume de Prusse, puis de l'Empire allemand en 1871. Après la Première Guerre mondiale et la défaite allemande, elle est intégrée à l'État libre de Prusse – jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'assaut de la ville par les troupes soviétiques, sous le commandement du maréchal Alexandre Vassilievski, commença le 6 avril et se termina le 9 avril 1945 par la capitulation de la garnison allemande. Königsberg fut renommée Kaliningrad le 4 juillet 1946, lorsque l'URSS reçut ce territoire en compensation des destructions et des pertes subies lors de la Seconde Guerre mondiale. La ville des rois s’est vue ainsi transformée en ville du président du Præsidium du Soviet suprême et membre du Comité central du Parti communiste, Mikhaïl Kalinine.
(c) Dmitri Leltschuk
C’est à la recherche des traces de ces deux empires, prussien et soviétique, que sont partis les deux photographes, une suissesse Dominique de Rivaz et un biélorusse Dmitri Leltschuk, un duo qui s’était formé lors de leur collaboration pour le livre « Hommes de sable de Choïna », paru en 2013 chez Noir sur Blanc. Toutes les photos de Dimitri sont en noir en blanc, ce qui leur confère un aspect « historique ». Toutes celles de Dominique sont en couleur, ce qui les rend plus humaines, plus proches de nous. Et parfois vice versa. Dans l’ensemble elles nous permettent d’explorer cette ville bourrée d’Histoire où, selon Dominique de Rivaz, le temps semble s’être arrêté mais où la population, qui approche un demi-million de personnes, bouillonne de vie. Néanmoins plusieurs questions demeurent sans réponses : par quel miracle un bas-relief ancien a-t-il survécu sur un immeuble moderne ? pourquoi les habitants ont-ils préféré donner à l’aéroport local le nom de l’impératrice Élisabeth plutôt que celui du philosophe Emmanuel Kant, qui est né et mort à Königsberg ? Que signifie un médaillon en argent où figurent, côte à côte, une étoile de David et une croix gammée ? Je crains que pour avoir des réponses il faille se rendre à Kaliningrad où le nouveau livre pourrait vous servir de guide. Alors bon voyage ! Et pour ceux qui lisent le russe, voici une interview de Dominique de Rivaz.        
29.10.2020
J’ai récemment donné mon premier séminaire, en anglais, aux étudiants de la Geneva School of Diplomacy, une institution privée située dans le quartier de l’ONU et autres organisations internationales, préparant justement les cadres à leur intention. Il y avait une soixantaine des jeunes dans ma classe, online et offline mélangés, de tous les coins du monde : Suisse, Italie, Inde, États-Unis, Kenya, Émirats… Tous charmants, très polis et témoignant de l’intérêt pour le sujet proposé : « Diplomats and journalists: the importance of being idealists ». Hélas, personne n’a saisi mon allusion à la célébré pièce d’Oscar Wilde, « The importance of being ernest », personne n’ayant lu la pièce et deux personnes seulement ayant vaguement entendu parler de l’auteur. Idem pour le Genevois Albert Cohen et sa « Belle du Seigneur » - bien que ce magnifique roman leur donnerait quelques indications bien utiles sur leur futur milieu professionnel demeuré presque inchangé depuis les années 1930. Reste que cela a ouvert le dialogue et permis d’aborder tout de suite la question d’identité, réelle et fausse, supprimée et exposée. Les enfants – qu’ils me pardonnent cette familiarité – sont entrés dans le jeu. M’étant présentée, je leur ai demandé d’en faire autant en ajoutant aux « nom/pays » habituels une rapide, et en une seule phrase, réponse à la question « Pourquoi veux-je devenir un diplomate ? » Une seule personne, une jeune femme de la Malaisie, a donné la réponse que j’espérais entendre de tous. « Je veux changer le monde pour le mieux », a-t-elle dit. Une idéaliste seulement sur soixante. Quelle déception ! Mais, comme on dit en français, la sauce a bien pris et notre échange – où j’avais limité la partie théorique au strict minimum – a été productif et, pour moi, très intéressant : ces jeunes avaient plein de choses à dire! Nous avons parlé des origines de nos métiers réciproques, des similitudes et des différences de nos « cahiers de charges », des moyens par lesquels nous formons l’opinion publique, des privilèges et des dangers, de la possibilité de garder son indépendance d’opinion, des qualités dont il faut disposer pour les exercer au mieux. Leur liste fut vite faite: convictions, honnêteté, persévérance, culture générale, esprit critique, bonne résistance psychologique… Nous avons examiné des cas concrets et hypothétiques. Nous avons également essayé de trouver la meilleure définition à la notion d’idéaliste, quelque part entre un rêveur ordinaire, un visionnaire et une personne qui croit aux valeurs supérieures… Malgré cette ambiguïté et au bout de deux heures d’une discussion fort animée, tous mes adorables interlocuteurs se déclaraient prêts à s’afficher avec une pancarte « Je suis un/une idéaliste ». C’est ainsi que je pense avoir accompli ma mission. Et si en plus ils se mettent à lire !..  
17.10.2020
Je ne peux pas rester silencieuse face à la nouvelle que j’ai appris en me levant ce samedi maussade, ce samedi du 21 siècle. Le siècle d’une avancée technologique sans précèdent mais clairement pas celui de(s) Lumière(s). Car il est bien sombre, notre siècle, et pas qu’à cause du Covid-19. Un prof d’histoire se fait décapiter sur la voie publique, non loin de son collège près de Paris, la ville des Lumières par définition. Son crime ? Il a montré à ses élèves des dessins faisant la satire de Mahomet lors d’un cours sur la liberté d’expression. Cela nous ramène à presque cinq ans en arrière – à la tuerie de la rédaction de Charlie Hebdo, en janvier 2015. Le procès est toujours en cours. Je peux comprendre le prof qui, surtout dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression, a voulu expliquer à ses élèves, qui étaient trop jeunes il y a cinq ans, le cœur du sujet, dans le sens figuratif. Et il a pris des précautions en prévenant l’audience que les images sont choquantes et en invitant les plus sensibles de sortir de la classe. Le résultat – c’est son propre cœur qui s’est arrêté de battre, dans le sens littéral. Pourquoi suis-je tellement touché ? Est-ce parce que l’assaillant est né à Moscou, comme moi? Est-ce parce qu’il avait 18 ans, comme mon fils ? Ou bien parce qu’en quelque sort les enseignants, surtout les enseignants des sciences humaines, et les journalistes, nous faisons la même chose : nous passons l’information, nous posons des questions, nous semons le doute. Et tout cela fâche les gens pleins des certitudes ! Je me demande comment se sentent aujourd’hui les parents qui ont porté plainte contre ce professeur – j’espère qu’ils se posent des questions, j’espère qu’ils doutent ! Je me demande aussi comment se sent leur enfant dont la sensibilité ils prétendait vouloir protéger et qui maintenant doit affronter ses camarades. Oui, les mots blessent, et il faut bien les choisir. Ils blessent, mais ils ne tuent pas. Les couteaux, les balles – ils tuent, eux. « Au commencement était la Parole et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu ». Tout le monde, chrétien ou pas, connait ses mots. Le don du Parole nous est donnée – par le Dieu, par le nature, que chacun choisit la source. Mais ce don magnifique qui nous distingue des animaux, nous l’avons. Pourquoi n’en profitons-nous pas pour s’expliquer, pour se comprendre ? Pourquoi certains représentants de la race humains se comportent comme des animaux ? Aucune idéologie, aucune religion, aucune conviction ne peut justifier un tel comportement. Le monde sans questions, sans doute, ne serait-il pas merveilleux et tellement plus facile à vivre ? Et non, car cela serait un monde sans réflexion, sans émotions, sans tête. Un monde décapité. Veut-on passer à nos enfants un monde décapité ?!    
09.10.2020
Photo (c) N. Sikorsky
Me voilà plongée depuis plusieurs semaines dans le monde de Józef Czapski, un homme au destin exceptionnel : humaniste, peintre, écrivain, véritable témoin de son époque. Un Homme avec un H très présent actuellement. La Fondation Jan Michalski à Montricher expose  (jusqu’au 17 janvier 2021) ses journaux intimes et ses peintures alors que les Éditions Noir sur Blanc annoncent la publication de deux livres le concernant. On serait presque tenté d’imaginer qu’esquisses et tableaux en seraient les illustrations. Czapski est l’auteur d’un de ces livres, « Terre inhumaine ». Grâce à la traduction du polonais par Maria Adela Bohomolec, nous apprenons l’histoire de cet aristocrate de naissance, né à Prague en 1886, qui a passé son enfance à Minsk, faisant alors partie de l’Empire russe. Il fit ses études à Saint-Pétersbourg où il perfectionna son russe – en plus du polonais, de l’allemand et du français – et s’imprégna de littérature et de philosophie russes. En 1916, étudiant en droit, il est appelé par l’armée polonaise où il fit « sa » Première guerre mondiale dans la cavalerie. Puis il étudia l’art à Cracovie et à Paris. Le 1er septembre 1939, premier jour de la Deuxième guerre, il est de retour à l’armée et se fait arrêter 27 jours plus tard par l’Armée Rouge. Malgré ses presque deux ans passés dans les camps soviétiques on peut dire qu’il fut chanceux puisqu’il n’était pas au nombre de ses 21 857 compatriotes fusillés de sang froid en avril-mai 1940 par les Soviétiques. L’URSS nia jusqu’en 1990 ce macabre crime, connu comme « le massacre de Katyn » (Andrzej Wajda a en fait un film, en 2007). Józef Czapski en ignorait l’existence quand, libéré du camp en septembre 1941, il accepta la mission que lui confiait le général Anders : retrouver ces Polonais qui s’étaient comme volatilisés dans les espaces soviétiques. Voilà bien une mission impossible, à la recherche des âmes mortes… ! Toutes les œuvres peintes par Czapski ont péri pendant la guerre. Mais son journal intime, qu’il rédigeait tous les jours de 1941 à 1992, a miraculeusement survécu – et il s’agit bien de 300 (!) cahiers.
Joseph Czapski. Journal, mai-juin 1955. Musée national de Cracovie. © Succession Józef Czapski
« Terre inhumaine » a été écrit en 1949 sur la base du journal des années 1941-42, et raconte le périple kafkaïen de son auteur. La plupart de l’action, (pour ainsi dire) se passe en territoire soviétique – j’y ai appris les noms de nombreux lieux dont j’ignorais l’existence. Czapski y décrit le cauchemar des camps, les atrocités et les épreuves de la guerre, mais il parle aussi, avec une admiration infaillible, de Tolstoï et resonge à Dostoïevski, Rosanov, Soljenitsyne… Il raconte avec une grande émotion sa rencontre avec Anna Akhmatova – à Tachkent, en 1943. La légende veut que la grande poétesse lui ait consacré un poème, un très beau poème. Comment cet homme qui, ayant souffert lui-même du régime soviétique et en ayant vu souffrir tant d’autres, a-t-il pu associer sa haine pour ce régime et son amour infaillible pour de nombreux Russes et leur culture ? En 1980, à l’âge de 84 ans donc, il illustra « Le Réviseur » de Gogol ! Était-il vraiment en saint, comme cela a été évoqué lors d’une table ronde à la Fondation Jan Michalski ? Nous n’irons pas jusqu’à là, mais il est évident qu’il savait faire la part des choses, il avait cette qualité qui manque tant aujourd’hui à nombre d’entre nous. Catholique, il dénonça l’antisémitisme « congénital » des Polonais – Vassili Grossman le fit pour les Russes, dans « La vie et le destin ». Hasard ? Ces deux livres ont été proposés aux lecteurs francophones par le même éditeur – Vladimir Dimitrievic, fondateur de « l’Age d’homme». Et quelle chance pour nous tous, les amateurs de la « littérature sérieuse », que Les Éditions Noir sur Blanc ont repris le relais, en rééditant certains livres dont les stocks sont épuisés depuis longtemps, dans le cadre du projet « La bibliothèque de Dimitri » dont j’ai déjà eu le plaisir de parler à mes lecteurs russophones. Pour revenir à Czapski, il s’est installé à Maisons-Laffitte, près de Paris, dès 1945, et a participé à la fondation de la revue littéraire phare de l’émigration polonaise, Kultura. Sans jamais pouvoir retourner dans son pays natal, il est décédé en 1993. Sa vie, vue de l’extérieur, est magnifiquement racontée par un Américain Eric Karpeles dans « Joseph Czapski : L’art et la vie », également paru il y a quelques jours chez Noir sur Blanc. Bonne découverte ! Eric Karpeles: Joseph Czapski. L’art et la vie. Editions Noir sur Blanc, 1 octobre 2020. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Odile Demange. 155 images en couleur, 576 pages. 34 Euros/39 CHF Joseph Czapski: Terre inhumaine. Editions Noir sur Blanc, octobre 2020. Traduit du polonais par Maria Adela Bohomolec. Collection La bibliothèque de Dimitri. Première parution : L’Âge d’Homme, 1978 Préface de Timothy Snyder Texte inédit : « Le récit de Witold ». 448 pages, 23 Euros /29 CHF  
24.09.2020
Il faut vraiment être fan d’opéra pour aller se balader à Zurich par un beau dimanche et assister, masqué, à un « Boris Godounov » pendant quatre heures. Mais, moi, justement, j’aime l’opéra, et celui-ci je le connais par cœur, l’ayant vu plein de fois, dont la première fois au Théâtre Bolshoï à Moscou. Je devais avoir 7-8 ans et je m’en souviens comme si c’était hier. Il est évident que le spectacle zurichois ne restera pas gravé dans ma mémoire. Le débat sur la transposition ou non des opéras est un débat éternel chez les mélomanes. Quant à moi, je suis partagée.. Je trouve que certains opéras – comme « La Traviata », par exemple, s’y prêtent mieux que d’autres : l’amour, la fidélité, la trahison sont des sujets intemporels et on peut très bien placer l’action au 19ème siècle comme au 21ème. Mais « Boris Godounov », dont une demi-douzaine de versions existe, notamment deux signées par Modeste Moussorgski lui-même, est un opéra historique, impliquant des personnages qui ont réellement existé et dont les actions (ou inactions) ont impacté l’histoire de la Russie, un pays en tout temps non-négligeable sur la carte du monde. Que le metteur-en-scène australien Barrie Kosky ait choisi la version de 1872 qui inclut la scène de la révolte populaire, soit. Qu’il place l’action dans une espèce d’archive d’État, soit aussi: l’histoire est bien préservée. Qu’il ait réduit tout le glamour des décors traditionnels (rappelons que la plupart de l’action se passe tout de même au Kremlin) à deux couleurs : gris pour la Russie et doré pour la Pologne, ok. Qu’il ait vêtu les personnages d’habits modernes, soit. Qu’un clerc de la Douma du 16ème siècle apparaisse en costard-cravate – soit aussi : l’orthodoxie est à la mode dans la Douma russe d’aujourd’hui, et on peut tout à fait imaginer un clerc s’adresser à l’assemblée « Chers camarades orthodoxes ». La confusion dans les têtes est grande. Nous sommes davantage gênés par Pimen : ce moine âgé et solide écrivant sa chronique dans une cellule éclairée à la bougie dans les versions « classiques », nous est présenté ici très agité, pas du tout distingué, tapant fébrilement sur le clavier de son notebook. Il continue à le faire tout en chantant « Ma bougie s’éteint… » On peut même accepter que Marina Mnishek, la belle polonaise qui rêve d’un trône moscovite, soit réduite à une vulgaire fausse blonde, dont les intentions sont - comme on dit en russe - écrites sur son front. La vraie déception c’est Boris (interprété par un baryton allemand Michael Volle). Transpirant dans son costume mal repassé il n’a rien d’un autocrate, il ne fera trembler personne. Il tremble lui-même comme un vulgaire bureaucrate/voyou pris en flagrant délit. L’absence d’un personnage dramatique rend le drame impossible. D’autant plus que le chœur (sensé représenter le peuple) se trouve - à cause des mesures sanitaires - dans la salle des répétitions à 1 km du théâtre, et est « remplacé » par un personnage imaginé par M. Kosky, qu’on ne trouve ni dans le texte d’Alexandre Pouchkine, ni dans le libretto de Moussorgski: un jeune homme en jeans et baskets, un peu à la Jésus-Christ – mal rasé aux cheveux longs. Leur opposition n’est pas convaincante. Celui dans le public, qui ne connaît ni cet épisode historique, ni le drame de Pouchkine ne peut strictement rien comprendre. Surtout que le moment crucial – la scène entre Boris et le fol en Dieu, lors de laquelle ce dernier accuse le tsar d’un meurtre - est simplement omise. Quel dommage, quel gâchis ! J’ignore ce que voulait dire le metteur-en-scène par cette lecture d’une œuvre classique russe, bien que je sois sûre qu’il voulait dire plein de choses. De nature curieuse, je n’avais pourtant même pas envie d’y réfléchir tant j’étais restée insensible tout au long de la représentation. Mauvais bilan pour un spectacle, quoi qu’en dise. L’analyse plus détaillé se trouve ici, en russe cette fois.

A PROPOS DE CE BLOG

Nadia Sikorsky a grandi à Moscou, où elle a obtenu un master de journalisme et un doctorat en histoire à l’Université d’Ètat de Moscou. Après 13 ans au sein de l’Unesco à Paris puis à Genève, et exercé les fonctions de directrice de la communication à la Croix-Verte internationale, fondée par Mikhaïl Gorbatchev, elle développe NashaGazeta.ch, quotidien russophone en ligne.

En 2022, elle s’est trouvée parmi celles et ceux qui, selon la rédaction du Temps, ont « sensiblement contribué au succès de la Suisse romande », parmi les faiseurs d’opinion et leaders économiques, politiques, scientifiques et culturels – le Forum des 100.

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